Une étude de cas d’un métapédagogue
Chaque jour, je progresse … Cela sous entend que j’apprends quelque chose de nouveau.
Quelques fois c’est planifié ! mais souvent cela ne l’est pas

Je propose de partager ici les apprentissages imprévus de moments de praticienne en métapédagogie :
L’enfant est un être extra-ordinairement insouciant.
Un petit garçon de 9 ans vient me voir, accompagné de sa maman , et raconte que tout va bien à l’école
Ah oui – et pourquoi es-tu là, alors?
JE NE SAIS PAS !
Première réponse qui m’interpelle et je propose systématiquement à l’enfant de se débarrasser de cette pensée “ je ne sais pas” en l’écrivant sur un post-it et
de consciemment le jeter à la poubelle.
On n’en parle plus, on ne le dit plus, OK ?
( En général l’enfant trouve cela plutôt amusant et rigole)
NB: A mon humble avis ( que je vous partage ici) la personne qui dit qu’elle ne sait pas oublie quelque chose d’important . Elle oublie que pour savoir on a besoin de vouloir savoir, d’aller chercher la réponse, demander à quelqu’un et encore mieux trouver dans sa tête une façon de répondre différente . Je n’encourage pas ici le phénomène ESSAI -ERREUR mais le principe de tenter de résoudre une difficulté en se posant soi-même des questions.
C’est cela qui fait la richesse de la metacognition.
Se poser des questions.
Se poser les bonnes questions.
Avoir la curiosité et l’envie de répondre autre chose que : “JE NE SAIS PAS”
Cette réponse vient régulièrement chez les jeunes !
pourquoi ?
Parce que les jeunes n’ont pas appris à décortiquer ce qui ne va pas –
ce qui les empêche d’apprendre.
Ma première fonction est justement de mettre en évidence ces carences dans l’esprit de l’enfant.
Alors je sors un de mes jeux pour observer, en direct, le comportement cognitif de l’enfant devant un défi qui lui demande de réfléchir sur plusieurs niveaux :
- Lorsqu’il prend l’information de base – ce qui est devant lui
- Lorsqu’il raisonne ou réfléchi à comment répondre à la consigne
- Comment il s’y prend pour résoudre le problème
C’est pendant tout ce processus que j’observe le comportement cognitif de l’enfant et que je suis en mesure de cerner quasiment TOUS SES PROCESSUS cognitifs ( avec une base de 29 processus ) et de détecter un ou plusieurs points d’entrée pour effectuer une remédiation.
Dans le cas de ce petit garçon de 9 ans, il fonctionnait tellement vite qu’il oubliait de vérifier son cheminement et il devait déplacer des pièces déjà posées sur une surface du jeu pour y poser celles qui convenaient.
Aller vite !…c’est le point faible de nos jeunes. Il leur arrive d’en oublier la consigne, d’en oublier les processus, d’en oublier qu’on peut ralentir et surtout d’en oublier de vérifier !
En fin d’activité je l’entends dire :”J’ai fini !” la fierté dans le regard , le sourire aux lèvres.
Et je dis à chaque fois . Je vois que tu penses avoir fini et en même temps je te propose de VÉRIFIER ce que tu as fait, juste au cas où!”
Et cela ne rate pas.
Il vérifie, ligne après ligne et trouve que deux formes identiques sont l’une à coté de l’autre, vite il les change, content d’avoir trouvé son erreur.
S: Alors qu’est -ce que tu viens d’apprendre ?
O: Qu’il faut toujours vérifier son travail avant de dire qu’on a fini!
S: Oui et pourquoi à ton avis ?
O: Pour pouvoir corriger !
S: Et donc que vas-tu pouvoir faire à l’école maintenant ?
O: Ralentir et vérifier à chaque fois .
S : Si c’est bon pour toi, c’est OK pour moi aussi .
Puis nous notons avec sa maman ce “processus” dans un cahier qui va le suivre à la maison et qui sert de base de suivi pendant la semaine !
Ah, oui j’oubliais, je ne travaille qu’en consensus avec les parents. J’attends d’eux qu’ils puissent être suffisamment disponibles pour accompagner la remédiation cognitive en dehors de notre session.
La semaine suivante lorsque le petit garçon est revenu me voir, je lui demande juste :
“Alors sur quoi as-tu porté ton attention en classe cette semaine ?”
Sans réfléchir il dit fièrement : J’ai vérifié mon travail ! et quelle banane sur son visage!
A savoir que chaque séance requiert un minimum de restitution auprès des parents. Personnellement j’aime bien leur montrer les processus cognitifs qui ont été détectés comme efficaces ( je garde pour moi ceux qui flanchent pour y travailler une prochaine fois) et que l’enfant, accompagné en séance de métapédagogie, reparte avec trois processus sur lesquels il travaillera avec ses parents et à l’école pendant la semaine.
Cela donne à chacun un sens de responsabilité du suivi.